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Falaises d’Etretat – l’arche et l’aiguille creuse d’Arsène Lupin
Posté le Lundi 26 avril 2010dans Cinéma, Falaises, France, Nature, Océan, Pays, Vikingspar Alexandre RosaImprimerOn en parle peu, mais la France aussi a de magnifiques paysages naturels. Si vous cherchez de belles falaises par exemple, plongeant dans les eaux turquoise de la mer, vous penserez peut-être aux falaises d’Etretat, en Normandie. Rendues célèbres par des écrivains tels que Gustave Flaubert ou Guy de Maupassant qui ont été des fidèles du lieu, elles sont devenues un véritable mythe grâce à Maurice Leblanc et à son personnage d’Arsène Lupin. Dans son roman “L’Aiguille Creuse”, il met en scène un des pics rocheux des falaises d’Etretat et y cache le plus fabuleux trésor jamais imaginé. Il rassemble les dots des reines, perles, rubis, saphirs et diamants… la fortune des rois de France.
Cet hypothétique secret que les rois de France se transmettraient depuis Jules César n’est bien sûr que fiction. La craie blanche presque immaculée qui constitue ce paysage faisant face à la Grande-Bretagne n’est en fait que du calcaire datant du crétacé. On y distingue des strates régulières de silex, ce qui explique la présence de galets grisâtres sur la plage. En effet, suite à l’effondrement de pans de falaise, le calcaire et le silex se trouvent au contact de l’eau de mer qui dissout le calcaire et l’action des vagues polit le silex pour en faire des galets.
Au pied de ces monuments de la nature culminant à 90 mètres au-dessus de la mer, on constate ainsi la présence d’éboulis qui proviennent de la chute de pans entiers de roche calcaire. En effet, l’eau de pluie s’infiltre dans la calcaire poreux et mine la roche, l’action du gel pouvant s’ajouter à ce phénomène destructeur. Comparativement, bien que sa responsabilité soit également établie dans le processus de destruction des falaises en en érodant la base, l’action de la mer est moindre.
L’existence de trois arches successives : la porte d’Amont, la porte d’Aval et la Manneporte n’est pas liée à l’origine à l’érosion marine, mais à l’action d’une rivière côtière parallèle à la plage qui a creusé son lit dans la falaise avant le recul de celle-ci, matérialisé par l’”aiguille”, d’un calcaire plus dur qui a empêché sa dissolution définitive, d’où cette extraordinaire création de la nature. Ensuite, la mer a élargi les arches, donnant au site l’aspect qu’on lui connait aujourd’hui.
Le village d’Étretat est coincé dans une vallée bordée d’une plage entre deux falaises. D’après des découvertes archéologiques, l’occupation humaine du site remonterait toutefois à l’Antiquité. Cependant, on ignore tout des détails de la vie et du rôle tenu historiquement par le village, et même son nom ancien. L’activité a toujours dû être liée à la pêche, avant le développement du village en tant que station balnéaire au 19ème siècle.
Une vieille légende attribue la fondation du village à des vikings, qui surgissant de leur esnèque (drakkar), auraient tenté d’abuser d’une Dame Olive, une sainte femme fort riche, qui avait coutume de se baigner ou de laver son linge dans la fontaine au pied d’un rocher. Le nom de “Fontaine Olive” a subsisté pour désigner sur la plage, une source devenue sous-marine par le recul du littoral et matérialisée par une enceinte carrée d’époque antique.
Il faut savoir que le site revient de loin. De François Ier à Napoléon Ier, un projet récurrent de construire un port militaire à cet endroit existait en effet. Le développement du tourisme dans la région a heureusement sauvé la majesté du lieu, en dépit du fait que les accès à Etretat étaient bien limités au 19ème siècle par rapport à des villes comme le Havre ou Trouville-sur-Mer, qui en plus dispose de plages de sables et non de galets.
Il fallut attendre les années 1830 pour que les villas cossues que l’on peut observer aujourd’hui encore dans tout le village et les collines alentours commencent à être construites dans un style typiquement balnéaire. Parmi celles-ci, on trouve le Manoir de la Salamandre, l’une des plus vieilles bâtisses d’Etretat, caractéristique d’une habitation citadine du pays d’Auge. Citons également le Clos Lupin, situé à proximité de l’ancienne maison de Guy de Maupassant, “la Guillette”. Il s’agit du cabinet de travail de Maurice Leblanc, un ermitage à colombages, entouré d’un jardin à la française. Il le baptisa Le Clos Lupin, en hommage à son héros et aux fleurs, des lupins qu’il y avait planté.
Du côté du site naturel, la falaise d’Aval est la plus connue. Située à l’ouest du village, c’est ici que l’on trouve l’arche et l’aiguille haute de 70 mètres qui ont rendu le site si célèbre. Maurice Leblanc décrit l’aguille en ces termes : “Roc énorme, haut de plus de quatre-vingt mètres, obélisque colossal, d’aplomb sur sa base de granit” dans L’Aiguille creuse en 1909. Guy de Maupassant quant-à-lui, compare cette porte d’Aval à un éléphant plongeant sa trompe dans l’eau.
À son époque déjà, le site attirait de nombreux touristes parmi lesquels des “lupinophiles”, admirateurs d’Arsène Lupin : des étudiants américains pour la plupart venus chercher la clé de la grotte où le “gentleman cambrioleur” avait retrouvé le trésor des rois de France. Le film Arsène Lupin de Jean-Paul Salomé, sorti en octobre 2004, offre de nombreuses vues sur la falaise et l’Aiguille.
En poursuivant son chemin vers l’ouest, on trouve la Manneporte. Ce nom vient de l’ancien français manne porte, qui signifie “grande porte, porte principale”. Elle est plus grande que la porte d’Aval.
La troisième et la plus petite des trois portes est située à l’est du village et de la plage d’Etretat. On appelle cet endroit la falaise d’Amont. Au sommet de cette dernière se dresse la silhouette de pierre de la chapelle Notre-Dame-de-la-Garde, protectrice des pêcheurs. L’édifice actuel succède à une chapelle du 19ème siècle.
L’ensemble du site se visite facilement grâce à plusieurs sentiers longeant la falaise à leur sommet. Il est par contre impossible de suivre la plage, bloquée en plusieurs endroits par la falaise qui a les pieds dans l’eau. Il vous faudra un bateau pour longer la côte, sans quoi il vous faudra vous armer de vos meilleurs cuisses pour escalader les escaliers qui mènent du village jusqu’au sommet de ces montagnes calcaire. L’ensemble est très vert, l’herbe recouvrant toute partie non verticale de la falaise et le reste étant occupé par des nids de Mauves, ces goélands qui vivent ici.
Des passages équipés d’échelles jalonnent le parcours et permettent aux personnes autorisées de rejoindre la plage en contrebas, mais ils ne sont pas ouverts au public. Cela n’empêche toutefois pas les plus téméraires de s’improviser alpinistes et de tenter d’atteindre les points les plus extrêmes de la falaise pour capter le meilleur cliché ou la meilleure lumière. Attention donc, car le risque est bel et bien présent, un mauvais appui résultant immanquablement en une chute qui peut s’avérer fatale à si haute altitude.
En chemin, vous trouverez des lieux aussi célèbres que la Chambre des Demoiselles ou le Trou à l’Homme. Des paysages qui ont inspiré de nombreux peintres, dont les plus célèbres sont Claude Monet et ses deux tableaux La falaise d’Etretat, soleil couchant de 1883 et Bateaux sur la plage d’Etretat, et Gustave Courbet (La Falaise d’Étretat après l’orage, 1869 et La Vague, peinte à Étretat en 1869).
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Article et photos par Alexandre Rosa
Tes photos sont magnifiques. Elles font rêver et nous font penser aux vacances avec cette eau turquoise qui donne envie de s’y baigner. Mais, à mon avis, elle doit être bien fraîche.
Quant aux falaises, elles sont sublimes. Il faut, en effet, rappeler qu’on a de très beaux sites en France.