Les Aiguilles de Port-Coton à Belle-Île en Mer : le trésor de Claude Monet
Gravures rupestres d’Alta–des rennes de l’âge de pierre gravés le long des fjords
Storforsen – les plus grandes cataractes naturelles d’Europe traversent la Laponie
Cathédrale Luthérienne d’Helsinki – une icône allemande sur l’ancienne terre des tsars
Norske Opera – le renouveau de la banlieue d’Oslo en lignes obliques
Le Monastère d’Horezu, chef-d’œuvre de l’art Branconvan en Valachie
Le château de Dracula au cœur des Carpates : la citadelle de Poenari
Falaises de Moher – quand l’Irlande plonge de 214 mètres dans l’Atlantique
Château de Balmoral – la résidence écossaise de la Reine Victoria et du Prince Albert
Panthéon de Rome – le plus grand dôme de l’Antiquité, tombeau des grands Hommes
Bastion des Pêcheurs – un rempart « moderne » sur les hauteurs de Budapest
Statue de la Liberté de l’île des cygnes à Paris – une maquette signée Bartholdi
Bryggen – les demeures en bois colorées de la Ligue Hanséatique à Bergen
La Pointe du Raz – une proue de granite à l’extrême ouest de la France
Arènes de Lutèce : un amphithéâtre gallo-romain au cœur de la capitale
Chinagora – un complexe touristique sous forme de Cité Interdite fantôme à deux pas de Paris
De la Bavière à la Provence : des santons à la basilique de Fourvière pour sa crèche de Noël géante
Marché Médiéval de Noël à Provins – Rois Mages et troubadours animent banquet et bal d’époque
Christiania, l’expérience d’une société alternative hippie
Posté le Mercredi 25 mars 2009dans Copenhague, Payspar Alexandre RosaImprimerLe Danemark est décidément très morcelé. En plus de sa situation géographique qui l’éparpille sur de nombreuses îles, l’éloignement physique mais aussi idéologique fait que certaines de ses régions ont peu à peu pris leurs distances avec le gouvernement central au fil des siècles. Citons l’Islande qui est devenue indépendante à la Seconde Guerre Mondiale, le Groënland qui, s’il appartient toujours au Danemark, a son gouvernement local, les îles Féroé ou encore Bornholm.
Mais au coeur même de Copenhague, il est des zones déclarées indépendantes. En fait, pas tout à fait. Souvenez-vous de Fugleøen, cette minuscule île située au milieu de Sortedams Sø, un des lacs du nord de la ville déclarée indépendante par un groupe d’activistes en 1967 de manière totalement illégale. Quelques années plus tard, c’était tout un quartier qui allait devenir “libre”.
Le 13 novembre 1971, un groupe de squatteurs a pris possession d’un groupe de vieux barraquements au sud de Christianshavn. L’Etat Libre de Christiania était né.
Aujourd’hui, le micro-“état” compte 900 résidents permanents. Si les autorités ont bien tenté de stopper cette mainmise dans l’oeuf dès les premiers jours, le nombre important de membres de cette communauté n’a pas permis d’aboutir à un résultat durable. Pour ne pas engendrer plus de problème, le gouvernement danois a finalement décidé de traiter cette communauté comme “expérience sociale”.
De fait, Christiania a son propre système d’éducation, ses infrastructures dédiées et son gouvernement interne. ‘”L’état” est financé grâce aux cafés et restaurants qui ont été ouverts un peu partout par ses résidents sur les terrains annexés. L’artisanat local est également une importante source de revenus pour une grosse partie de la population. Mais Christiania est surtout associé à la culture hippie et à la consommation de drogue et plus particulièrement de cannabis.
Il faut dire que c’est cette communauté qui s’est installée ici en premier. Aujourd’hui encore, s’il est possible d’entrer dans Christiania librement (sinon comment feraient-ils pour profiter de la manne touristique?), vous ne pourrez faire un pas sans sentir l’odeur de la célèbre drogue. Pourtant, le traffic de cannabis a été interdit à Christiania en 2004, dans un effort des dirigeants locaux de se conformer à un certain nombre de lois danoises.
Vous ne pourrez pas faire de photos non plus. D’immenses tags dessinés sur les murs des maisons plus folkloriques les unes que les autres vous rappellent que c’est bien interdit. Et si ça n’est pas suffisant, un résident chargé de faire la police viendra pour menacer de détruire votre appareil si vous ne le rangez pas. On se croirait plutôt dans un état de non-droit où c’est la loi du plus fort qui prédomine.
Au delà de cette dimension rebelle et totalitaire du lieu, on est bien forcé d’admettre que les personnes qui ont décidé de vivre ici ont une certaine sensibilité face à la nature, la philosophie et l’art en général. Les dignes héritiers du mouvement hippie ont ici dessiné de superbes oeuvres sur les murs de leurs bâtiments. Ils ont fait de leur maison (plutôt un abri de jardin fait de bric et de broc) une véritable création artistique, et vivent de peu de choses.
En dehors de Christiania, le nom est surtout célèbre pour ses vélos modifiés. On peut les louer auprès des membres de la communauté à des prix imbattables, mais c’est leur efficacité et leur côté pratique qui fait leur popularité. Equipés de plate-formes ou de remorques, ils sont idéaux pour transporter de charges moyennes à vélo, et les danois aiment ça!
Mais aujourd’hui, il ne reste plus grand chose de cette société alternative où les amours libertaires et collectivistes des débuts avaient fait naître l’illusion d’un idéal impossible. La visite vaut le coup pour comprendre ce qui a fait naître cet espace unique au monde. L’utopie digérée, il reste à Christiania les vestiges de Pusher Street, l’ancienne rue des dealers. C’est ici que les drogues douces étaient échangées sur des tréteaux, vendues au poids. Dans tous les cafés, l’odeur de haschisch flottait en permanence.
Plus loin, passé l’ambiance squat et stone, on découvre des baraques de bois et de vieux bâtiments de pierre. C’est le quartier des ateliers, qui fait presque bidonville. Les habitants sont sans nul doute très colorés et apparaissent à la limite de la caricature baba. Pieds nus, cheveux longs et barbe en désordre, portant de vieux jeans troués laissant voir leurs tatouages, ils fument ou boivent de la bière (on reste au Danemark!) en donnant l’impression de n’avoir rien à faire. C’est la passivité totale…
Dans toute la zone, les voitures sont prohibées et la nature omniprésente. La vue sur le lac est imprenable. Pourtant, après 35 ans de cette expérience et le recul d’une génération, les enfants de Christianites des débuts choisissent souvent de vivre ailleurs qu’à Christiania. Les militants d’une vie authentiquement communautaire partent quant à eux vers d’autres horizons, dénonçant un mode de vie qu’ils considèrent embourgeoisé.
Il faut dire que l’état a mis fin à une généreuse politique d’allocation chômage. Les Christianites ont beau exécrer l’état, ils passaient tout de même à la caisse chaque mois pour se permettre de vivre dans une telle insouciance. Désormais, les demandeurs d’emploi de peuvent plus refuser un poste au bout d’un certain temps, sauf à ne plus rien percevoir.
Du coup, la survie de Christiania est toujours remise en question depuis quelques années. La communauté est en tout cas très populaire auprès des touristes, qui ont fait de ce lieu le plus visité de Copenhague après Tivoli : 300.000 visiteurs par an! Le gouvernement tente quant à lui d’imposer une loi visant à privatiser les logements de la commune, sacrilège dans cet “état” libre qui n’appartient encore à personne! Pendant ce temps là, la réputation du lieu ne s’améliore pas tant on entend parler de nombreuses descentes de police à Christiania dans le journal…