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Albi – la cité épiscopale et la cathédrale Sainte Cécile viennent d’être classés par l’UNESCO
Posté le Dimanche 12 septembre 2010dans Architecture, Cathédrale, France, Gothique, Monument religieux, Médieval, Pays, UNESCO, villagepar Alexandre RosaImprimer

Située dans le sud de la France, sur les rives du Tarn, Albi est remarquable par son impressionnante cathédrale fortifiée Sainte-Cécile et son Palais de la Berbie, ancien palais des archevêques d’Albi, qui dominent le centre-ville historique et la rivière. Ville natale d’Henri de Toulouse-Lautrec, elle abrite un musée regroupant une très importante collection d’œuvres du peintre post-impressionniste.
Le samedi 31 juillet 2010, à Brasilia, la “Cité épiscopale d’Albi”, qui rassemble la cathédrale Sainte-Cécile, église fortifiée en briques ocre apparentes construite entre 1282 et 1480, ainsi que le Palais de la Berbie, qui abrite le Musée Toulouse-Lautrec, l’église Saint-Salvi et son cloître, les rives du Tarn et le Pont vieux ainsi que plusieurs édifices classés monuments historiques, fut ajoutée à la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
Le comité international justifie de cet ajout du fait qu’Albi “reflète l’épanouissement d’un ensemble architectural et urbain médiéval […] formant un ensemble de monuments et de quartiers cohérent et homogène qui n’a pas subi de changements majeurs au fil des siècles.”
Albi est en effet un haut-lieu historique dont le nom a été donné aux adeptes du catharisme, les Albigeois, qui subirent une répression violente au 13ème siècle de la part de l’Église catholique connue sous le nom de Croisade des Albigeois. La cathédrale Sainte-Cécile fut édifiée par les catholiques pour lutter contre l’hérésie cathare.
La ville devint ainsi une puissante cité épiscopale au 13ème siècle, au lendemain de la croisade des Albigeois contre les Cathares. D’un style gothique méridional original à base de briques aux tons rouge et orangé fabriquées localement, la cathédrale fortifiée qui domine la ville, cernée par des quartiers d’habitations datant du Moyen-Age, illustre la puissance retrouvée du clergé romain.
Ses tours semi-circulaires et ses étroites fenêtres font plus penser à une forteresse qu’à un lieu de culte, témoignant du fait que le bâtiment avait pour but de rappeler aux hérétiques potentiels que l’Eglise n’était pas là pour rigoler. Ainsi, chaque élément de l’architecture du bâtiment, de l’énorme clocher jusqu’à la fresque apocalyptique du Jugement Dernier se trouvant à l’intérieur, est démesuré. Cette échelle surdimensionnée devait délibérément faire ressentir au fidèle moyen un sentiment d’infériorité. L’effet est saisissant!
Peinte entre 1474 et 1484, cette fresque monumentale couvrait à l’origine près de 200 m². Peinte à la détrempe, on y distingue trois registres : le ciel, la terre et l’enfer où gesticulent les impies dans les compartiments dédiés aux sept péchés capitaux. Cette œuvre fut mutilée au 18ème siècle par l’ouverture, au centre de la paroi, d’un accès à une chapelle située sous le clocher et qui servit de chœur paroissial jusqu’en 1885.
Les fresques de la voûte (1509-1512), riches en couleurs et aux dimensions exceptionnelles (97 mètres de long sur 28 mètres de large), forment l’ensemble de la peinture renaissance italienne le plus vaste et le plus ancien de France.
Ce bleu profond qui tapisse les voûtes au-dessus du chœur est ce fameux “bleu de France” qu’on dit aussi “bleu-roi”. Contrairement à ce qui a longtemps été mentionné dans les guides touristiques, ce bleu ne provient pas du pastel (plante tinctoriale donnant une couleur bleue, cultivée dans la région à la même époque). A l’époque, le bleu de pastel n’était en effet exploité que pour la teinture car on ne savait pas en extraire les pigments et les utiliser sous forme de peinture. Lors de prélèvements au niveau de la voûte de la nef, on a pu établir que cette couleur avait été obtenue à base de lapis lazuli et d’oxyde de cuivre. C’est sans doute le choix de matériaux de qualité qui explique le très bon état de conservation de la voûte.
Plus grande cathédrale en briques du monde, Sainte-Cécile d’Albi surprend ainsi par le contraste entre son allure extérieure austère de forteresse militaire et la richesse picturale et sculpturale de son intérieur.
Fermée de toutes parts comme un navire de haut bord, contrairement à ses sœurs du nord elle ne possède pas de façade ouest monumentale à vocation pédagogique, mais une seule entrée latérale en forme de baldaquin ajoutée au 16ème siècle. C’est l’unique élément extérieur de pierre sculptée dans l’ensemble de briques. On peut considérer que, quelques années avant la contre-réforme italienne et l’émergence du style baroque qui s’ensuivit, la cathédrale d’Albi présente par le luxe de sa décoration intérieure la première extériorisation d’une contre-réforme probablement inconsciente, exorcisant peut-être l’aventure cathare locale, une cinquantaine d’années après son éradication.
Son orgue, réalisé au 18ème siècle par Christophe Moucherel, a été offert par l’archevêque Armand Pierre de La Croix de Castries. Il contribue à la décoration de l’édifice, car il s’agit bien ici non seulement d’un instrument mais aussi et beaucoup plus qu’ailleurs, d’un décor, en raison de son peu de profondeur. Le nombre de jeux de l’orgue est étonnamment réduit par rapport à la taille de son buffet, de 16,40 mètres de largeur pour 15,30 mètres de hauteur.
Albi n’est pas seulement rouge, mais rougeoyante de chaleur. Il y fait en effet très chaud et il faudra vous lever tôt pour profiter de votre visite aux premiers rayons du soleil. Privilégiez un accès à la cité épiscopale par le Pont-Vieux, qui fut construit au 10ème siècle. Premier pont sur le Tarn, il fut fortifié et doté d’un pont-levis à chaque extrémité au 14ème siècle. Lui aussi entièrement constitué de briques, il est encore ouvert à la circulation de nos jours.
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Article et photos par Alexandre Rosa