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Les falaises de Møns Klint : l’unique paysage naturel du Danemark
Posté le Samedi 21 mars 2009dans Danemark, Falaises, Nature, Océan, Payspar Alexandre RosaImprimerIl y a des jours comme cela où il fait beau et lors desquels vous vous dites qu’un petit tour à la plage serait le bienvenu. Au Danemark, c’est facile, la mer nous entourant de toutes parts. Mais la température n’étant pas encore vraiment suffisante pour une baignade (quoiqu’en pensent les usagers du Charlottenlund Søbad), autant choisir une plage ayant de quoi nous éblouir la rétine et l’objectif par la même occasion. Hélas, les paysages de toute beauté ne font pas partie de ce que l’on trouve le plus facilement au Danemark.
Il faut sortir de Copenhague et pousser jusqu’à l’île de Møn pour trouver la seule formation naturelle de tout le pays qui présente un intérêt. Le problème, c’est qu’un seul pont relie cette île au “continent”, en fait la Zélande (qui est également une île) sur laquelle se trouve la capitale danoise. Je devrais déjà m’estimer heureux qu’on puisse s’y rendre sans avoir besoin de prendre le ferry. Toujours est-il que les transports en commun ne s’y rendent pas. Mais je suis motivé et je me suis donc rendu dans une agence pour louer une voiture qui m’offrirait une liberté bienvenue.
A bord de mon Alex-Mobile d’un jour, me voici donc parti à l’assaut de l’une des rares autoroutes danoises en direction du sud. Après avoir longé la côte Est de la Zélande pendant près de 150 kilomètres, me voici arrivé aux portes de Møn. Une vingtaine de kilomètres supplémentaires plus loin et après avoir traversé une épaisse forêt de hêtres vallonée sur chemin de terre, me voici à la pointe Est de l’île, face à la mer.
Surprise : la mer semble bien bas. C’est normal, car je me trouve au sommet des (presque) uniques falaises du pays, à Møns Klint.
A près de 128 mètres d’altitude, me voici en train d’observer la mer Baltique baignée d’une belle lumière matinale. Les falaises de calcaire situées sous mes pieds sont vieilles de 70 millions d’années et sont principalement formées de coquillages préhistoriques. Sur une longueur de 7 kilomètres, la terre plonge ainsi brusquement dans l’océan, offrant à la vue des bateaux une belle vue sur ses entrailles blanchâtres.
Pour dire vrai, le calme qui règne en ce lieu est tellement agréable que l’on a appelé le point culminant de Møns Klint Dronningestolen, le Trône de la Reine. Il offre ce que l’on pourrait appeler une “vue royale”.
Dans le passé, ces falaises étaient malheureusement exploitées par l’homme qui en extrayait de la craie. Les dommages ont été stoppés à temps puisque le site est désormais protégé.
Le lieu pourrait être dangereux à explorer mais, fort heureusement, des investisseurs sentant le potentiel de l’endroit y ont installé quelques chemins praticables permettant aux touristes les plus sportifs de grimper jusqu’au sommet des falaises ou de descendre jusqu’à la mer. J’ai opté pour la seconde solution. Après avoir dévalé ce qui semblait être plusieurs milliers de marches (j’exagère à peine, on parle quand même de plus de 100 mètres de dénivelé!) et m’être demandé comment j’allais remonter tout cela, une odeur forte d’iode m’envahit les narines : j’étais arrivé sur la plage.
A marée basse, on peut suivre une étroite plage de galets au pieds des falaises. Il ne faut pas avoir peur de se faire mouiller les pieds par les vagues qui viennent nous lécher les chaussures, ni crier trop fort sous peine d’être enseveli sous une avalanche de calcaire. On dit qu’une touriste française est justement morte ici il y a quelques années, recouverte par la chute de morceaux de craie, résultat de l’érosion naturelle du lieu.
Et justement, en m’éloignant un peu (beaucoup) du bas des escaliers où l’on arrive, je suis tombé sur un glissement de terrain qui devait avoir eu lieu très récemment. J’ai commis l’erreur de vouloir escalader la coulée de terre pour prendre un peu de hauteur, avant de vite me rendre compte qu’elle agissait comme des sables mouvants. M’enfoncant jusqu’aux genoux en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, j’ai été forcé à m’asseoir pour stopper ma chute fatale, et y ai perdu une chaussure dans la bataille. Je l’ai finalement récupéré plus tard, comme vous le montre cette photo sur laquelle je m’efforce de la nettoyer grossièrement dans l’océan.
Toutes mes émotions passées et les baskets humides autant à l’extérieur qu’à l’intérieur, il était temps pour moi d’affronter la remontée jusqu’au parking et au GeoCenter construit non loin. Conçu pour s’adapter au site naturel, le bâtiment n’en reste pas moins imposant. Il s’agit d’un petit musée des sciences au prix astronomique qui abrite l’habituel café et surtout une exposition interactive qui se veut présenter l’histoire géologique du Danemark. Ouvert en 2007, il s’adresse principalement aux enfants.
Si les photos ne montrent pas grand monde, c’est parce qu’en dépit du temps magnifique dont j’ai profité, il régnait en fait une température plus que fraîche et un vent à décoiffer les cactus, s’il y en avait. Mais ne vous y trompez pas : il s’agit là d’une des attractions touristiques les plus populaires du Danemark puisqu’elle accueille plusieurs centaines de milliers de visiteurs chaque année. Pas mal pour l’un des points les plus hauts en altitude de tout le pays.
Des paysages similaires sont visibles sur la côte nord de l’Allemagne, de l’autre côté de la Baltique. Cela s’explique par le fait que ces formations géologiques sont le résultat de mouvements de glaciers en provenance du Nord qui ont poussé le plancher océanique vers le sud-ouest. Des millions de mètres cubes de restes de crustacés ont été repoussés, formant des plis et des bosses émergeant ainsi de la surface de l’océan. C’est à la fin de la dernière ère glaciaire, il y a environ 11000 ans, à la fonte des glaces, que les falaises d’aujourd’hui sont apparues. Un spectacle qui continue de nous émerveiller…
PS : ça fait du bien de reparler de l’histoire de notre planète. Au Danemark, la géologie n’est malheureusement pas la science la plus répandue…
Toutes les photos sont © Alexandre Rosa