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Sidi Bou Saïd – le “petit paradis blanc et bleu”du nord tunisien
Posté le Lundi 19 juillet 2010dans Architecture, Histoire, Pays, Tunisie, villagepar Alexandre RosaImprimerCet ancien village de marabouts fut jadis voué à la religion. En 1207, un mystique nommé Abou Saïd Khalafa ben Yahia s’y installa afin de développer le soufisme. La mort en fit un saint et la colline de Sidi Bou Saïd devint un haut lieu de spiritualité.
Situé à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Tunis, Sidi Bou Saïd compte actuellement un peu plus de 5100 habitants seulement. Perché sur une falaise dominant les ruines de Carthage et le golfe de la capitale tunisienne, le village est un haut-lieu touristique aux couleurs de la mer Méditerranée, classé depuis 1915, le site est surnommé le “petit paradis blanc et bleu”. Ses portes avec des clous noirs en ornements, ses fenêtres avec des grilles à encorbellement et ses “moucharabiehs” lui confèrent un style architectural unique.
Les maisons de Sidi Bou Saïd, qui combinent l’architecture arabe et andalouse, sont en effet d’une blancheur éclatante. Avec leurs portes bleues, elles sont dispersées au hasard de ruelles tortueuses. Parmi celles-ci, le Dar El Annabi, maison construite au 18ème siècle, a été la demeure du mufti El Annabi. Formée d’une cinquantaine de chambres et surnommée le “palais des milles et nuits”, elle a été transformée en musée qui présente des objets de style arabo-musulman dont une robe de mariée qui pèse 22 kilos.
Autrefois village paisible de pêcheurs, le village doit sa renommée internationale au baron anglais Rodolphe d’Erlanger qui s’y installa en 1912 et y fit construire un somptueux palais. Amoureux de musique, il ouvrit sa porte aux artistes de tous bords en organisant des rencontres et des soirées où se mêlaient art, musique et littérature. Après sa mort en 1932, ses héritiers léguèrent son patrimoine à la Tunisie.
Rebaptisé Ennejma Ezzahra, son palais est devenu le Centre des Musiques Arabes et Méditerranéennes. Il est ouvert au public qui peut admirer son magnifique musée d’instruments musicaux et son architecture. Bénéficiant d’une décoration intérieure raffinée et d’un jardin luxuriant, il contribue grandement à la notoriété du site en revalorisant l’architecture tunisienne traditionnelle.
L’histoire de Sidi Bou Saïd
Tout a commencé sur la colline du village à l’époque des Carthaginois qui, suivis par les Romains, auraient utilisé les hauteurs de l’actuel Sidi Bou Saïd pour y établir une tour à feu. Une mosaïque de six mètres sur cinq y prouve d’ailleurs l’existence ancienne d’une villa romaine. Au 11ème siècle, les hauteurs du village furent choisies par les Almoravides pour la défense des côtes nord-est de la Tunisie. Des tours de guets et des tours à feu y furent construites. Elles donnent d’ailleurs l’appellation de la colline : Djebel Menara (soit “montagne du phare”).
Khalaf Ben Yahia Tamimi El Béji, né en 1156 et originaire de Béja, enseignait dans la rue qu’il habitait alors à Tunis et qui a depuis conservé son nom. Vers la fin de sa vie, il se retira sur le Djebel Menara, dans le ribat construit sur la colline dominant le cap Carthage, pour monter la garde et y enseigner le soufisme. Il est alors surnommé “maître des mers” à cause de la protection que les marins naviguant à proximité du site pensent recevoir. Il mourut en 1231 et fut enterré sur la colline. Sa zaouïa constitue sans doute le premier élément du village qui prendra son nom.
Des traces archéologiques repérées sur le versant nord laissent penser qu’un mur d’enceinte contournait alors le site.
Dès le 17ème siècle, le charme de ce village séduisit la bourgeoisie tunisoise qui y fit construire des demeures luxueuses. Il reçut le nom de Sidi Bou Saïd lorsqu’il devint le siège d’une municipalité en 1893. Le 28 août 1915, un décret fut pris pour assurer la protection du village, imposant le bleu et le blanc si chers au baron d’Erlanger et interdisant toute construction anarchique sur le promontoire, faisant de Sidi Bou Saïd le premier site classé au monde. Au cours du 20ème siècle, Sidi Bou Saïd attira donc nombre d’artistes, musiciens et écrivains, dont Chateaubriand, Gustave Flaubert, Alphonse de Lamartine, André Gide, Colette ou encore Simone de Beauvoir. Le philosophe français Michel Foucault y rédigea même L’Archéologie du Savoir.
Sidi Bou Saïd aujourd’hui
En raison de sa situation exceptionnel et de la multiplicité des activités proposées aux touristes à Sidi Bou Saïd, le village est devenu l’un des lieux les plus visités de la Méditerranée. En période de forte affluence, il peut accueillir jusqu’à 100.000 visiteurs en une seule journée.
De quoi contenter les propriétaires des cafés réputés du villages, célèbres pour leurs terrasses très prisées des tunisois. On connaît tous le “Café des Délices” de la chanson de Patrick Bruel (en fait le Café de Sidi Chabâane, ouvert dans les années 1960 et qui n’a pas changé de nom depuis, mais qui mentionne tout de même “Café des Délices” à son entrée), mais surtout le Café des Nattes, au bout de la rue principale (la rue Habib Thameur). Il abritait les soirées de malouf organisées par les mélomanes du village.
Les nombreuses boutiques qui jalonnent cette même rue constituent ce que l’on pourrait considérer comme le “souk” de Sidi Bou Saïd. Elles servaient à l’époque où le village était un lieu de villégiature à la vie quotidienne des habitants du village, tels que l’épicier, le boucher, le marchand de légumes, le cordonnier, le charbonnier, le barbier etc…
Sidi Bou Saïd étant devenu depuis un certain nombre d’années un pôle d’attraction du tourisme international, ces mêmes boutiques ont été transformées pour le commerce de produit répondant plus à la demande de cette clientèle. C’est là où se vendent les produits de l’artisanat tunisien. Toutes les spécialités artisanales des villes tunisiennes sont représentées : les tapis de Kairouan, les mergoums de Ouedref, l’orfèvrerie de Tunis, la poterie vernissée de Nabeul, les cages à oiseaux de Sidi Bou Saïd, la maroquinerie du Sahel, les burnous de Tozeur, les antiquaires, vendeurs d’eau de fleurs d’oranger, de parfums d’ambre et de jasmin, etc… L’étalage devant les boutiques oppose aux visiteurs un aspect autant agréable que pittoresque.
Situation géographique
La nature a voulu que le côté reliant le village à la terre soit en pente douce, se présentant parfois en escaliers larges et plantés d’arbres de part et d’autre, donnant ainsi un aspect verdoyant à qui vient de Tunis.
De l’autre côté, la superbe vue sur la baie de Carthage est assurée par la pente abrupte qui plonge dans la mer depuis les 129 mètres d’altitude de Sidi Bou Saïd. L’escalier sinueux emprunté par les habitants pour descendre à la plage ou au port s’appelle “La Montée des Amoureux” tant la promenade est romantique. On appelait cet escalier “Korsi Essollah” ou “Siège des Pieux”. Détruit depuis le début du 19ème siècle, c’était l’endroit où se tenaient des réunions des saints hommes qui enseignaient le “soufisme”.
Dar El Annabi
Le visiteur de Sidi Bou Saïd ressent une frustration devant les portes closes derrière lesquelles on devine pourtant des intérieurs pleins de charme. C’est pour répondre à cette attente que Sonia et Bilel Annabi ont décidé d’ouvrir à la visite une partie de leur maison familiale.
Autour d’un patio et d’une vaste cour-jardin andalou, des pièces présentent, à travers mannequins de cire et objets anciens, quelques éléments du mode de vie traditionnel. Dar El Annabi offre au visiteur un point de vue sur la culture tunisienne, un héritage particulier, celui d’une grande famille, avec ses bijoux et ses costumes, son arbre généalogique orné à la feuille d’or (vieux de plus de quatre cents ans), ses meubles et ses livres qui ont parfois plusieurs siècles.
Dans cette splendide résidence d’été, les parties inondées de lumière regorgent de verdure, de coins et de recoins qui invitent à la détente. Les chambres, parfaitement entretenues, séduisent avec leurs faïences et leurs meubles anciens, leur ambre bienfaisante. La montée aux terrasses étourdit d’escalier en escalier, jusqu’au sommet d’où on embrasse un panorama impressionnant.
On ne sait ce qui enchante le plus dans ce musée qui n’en est pas un. Sans doute le sentiment d’être dans l’intimité d’une maison. Guidé par la maîtresse des lieux, on découvre les photos de famille, les habitudes des anciens occupants. Un vrai musée vivant d’un certain art de vivre.
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Article et photos par Alexandre Rosa