La Fontaine de Trevi, une mostra baroque monumentale au cœur de Rome

Posté le Samedi 09 octobre 2010dans Architecture, Baroque, Fontaine, Italie, Payspar Alexandre RosaImprimer

Ce n’est un secret pour quiconque ayant un jour mis le pied à Rome : la capitale italienne est une vraie fournaise. La ville dispose en outre de très nombreuses fontaines parmi les plus belles du monde et la tentation d’y plonger pour se rafraîchir est grande, mais ces œuvres d’art ne sont pas là pour ça.

Beaucoup sont le résultat du travail de grands sculpteurs des époques Renaissance et Baroque. Certaines sont d’impressionnantes mises en scènes, d’autres de simples petits filets d’eau calmes. On y compte des fontaines pour boire, et d’autres qui sont de véritables cascades dévalant la façade des immeubles, mais la plus célèbre reste sans conteste la Fontaine de Trevi.

La fontaine de Trevi est une mostra, c’est à dire une fontaine monumentale conçue pour marquer la fin d’un aqueduc, dans ce cas l’Acqua Vergine (ou Aqua Virgo), construit par Marcus Agrippa en 19 avant J.-C. Le monument aujourd’hui visible n’est bien sûr pas celui d’origine puisqu’elle fut dessinée par Nicola Salvi en 1732. Elle est la dernière d’une série de fontaines construites au même endroit depuis plus de 2000 ans.

Si la plupart des touristes visitant Rome pensent que la fontaine de Trevi a toujours été là, elle n’est donc en fait qu’une création relativement récente au vu des standards de la Ville Eternelle. Inspirée par les arches triomphales, elle est adossée au palazzo Poli, un bâtiment de taille semblable à un immeuble haussmannien. Coincée sur la petite Piazza di Trevi, une place entourée d’autres immeubles, elle fait penser à une scène de théâtre aquatique derrière laquelle se joue la même scène depuis presque 300 ans.

De part et d’autre de Neptune, une sculpture du dieu Océan par Pietro Bracci abritée dans la niche centrale, se trouvent deux Tritons. Ils tentent de diriger le char d’Océan tiré par des chevaux marins, et si le premier se bat pour dominer sa monture agitée, l’autre monte un animal beaucoup plus docile. Ils symbolisent ainsi le contraste entre les différentes humeurs de l’océan.

L’ensemble est surmonté du blason du pape Clément XII, ainsi que de quatre statues sous la balustrade représentant les quatre saisons.

La statue de Neptune est également entourée par "l’abondance" et la "salubrité", œuvres de Filippo della Valle, un sculpteur florentin. Ces deux rondes bosses sont elles-mêmes surmontées de deux reliefs représentant d’un côté une jeune fille (par Grossi) et de l’autre, le général et homme politique romain Agrippa commandant la construction de l’aqueduc de l’Aqua Virgo alimentant la fontaine (par Andrea Bergondi).

L’origine du nom de la Fontaine de Trevi peut être légendaire, selon les goûts de chacun : ainsi, certains affirment  qu’elle fut nommée Trevi à cause des bas-reliefs de la fontaine, en référence à la légende selon laquelle une dénommée Trevi aurait sauvé sa virginité en indiquant l’emplacement de cette source. Une jeune fille apparaît effectivement au premier étage des bas-reliefs, pointant l’origine  des flots s’écoulant de la fontaine.

Mais l’étymologie la plus acceptée, moins poétique mais plus probable est latine : trivium (tre vie en italien), signifiant "trois rues", et Trevi est justement le nom du rione (secteur administratif, dans plusieurs villes italiennes) où trône cette fontaine monumentale, rendez-vous par excellence des amoureux et des couples désirant un enfant.

La fontaine de Trevi est un exemple de la perpétuation du style baroque dans la Rome du 18ème siècle, de par son mélange des effets (elle joue à la fois sur l’architecture, la sculpture et le son), sa monumentalité (elle est structurée par quatre colonnes d’ordre colossal) et sa référence à la fontaine de la Piazza Navona par Le Bernin.

Comme la plupart des monuments de Rome, Florence ou Venise, la Fontaine de Trevi est en permanence assaillie de  touristes, de jour comme de nuit. Ils l’encerclent sur plusieurs niveaux, chacun tentant de se faire tirer le portrait en train de jeter une pièce de monnaie par le bras droit en tournant le dos à la fontaine avant de quitter Rome. Cette coutume est le fruit d’une superstition associée à la fontaine voulant que celui qui fait ce geste est assuré de revenir à Rome afin de retrouver cette  pièce.

Cependant, la monnaie de cette fontaine est collectée par les autorités et envoyée à des œuvres de charité, qui se partagent près d’un million d’euros par an. Chaque matin, avant l’arrivée des touristes, la circulation de l’eau est coupée. La fontaine est nettoyée à la brosse et les pièces sont rassemblées en un long serpent, à l’aide de longues perches, et récoltées par aspiration, sous la surveillance de la police.

La coutume s’est depuis répandue, certains touristes ayant désormais l’habitude de jeter des pièces dans les fontaines ou bassins du monde entier, parfois même sans donner de signification précise à leur geste.

Voir toutes les photos de la Fontaine de Trevi dans la galerie photos de TravelPics.fr

Article et photos par Alexandre Rosa

3 Comments

• Michel dit :

  9 octobre 2010 à 20:36

  Manisfestement tu es allé 2 fois voir cette fontaine : de jour et de nuit. Je préfère les photos de nuit. Elle donne plus de douceur à ce lieu dont le romantisme à fait le tour du monde avec, entre autres, le film de Fellini « La dolce vita ». Dans cette scène considérée par certains comme la plus célèbre du cinéma modial, Anita Ekberg se baigne dans la fontaine où elle entraine Marcello Mastroianni.
• Sylvie dit :

  10 octobre 2010 à 17:50

  Après avoir parcouru la galerie photos sur cette fameuse fontaine de Trevi, j’avoue préférer aussi les photos prises la nuit. Cela donne des couleurs dans les tons rosés, j’adore.
• JPP dit :

  12 octobre 2010 à 16:14

  Vraiment très belle cette fontaine ! Effectivement de nuit les reflets ajoutent un plus à la beauté et le romantisme doit y être plus présent.

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