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La Cité Interdite, le palais impérial de 24 empereurs chinois pendant 500 ans
Posté le Jeudi 19 novembre 2009dans Architecture, Chine, Empereurs Ming, Histoire, Pays, UNESCO, château / palaispar Alexandre RosaImprimerOn quitte quelques temps les vertes contrées européennes pour filer vers l’est, jusqu’en Chine, afin de découvrir l’un des monuments historiques les plus exceptionnels au monde : la Cité Interdite. Tombé dans le langage courant, ce nom vous dit forcément quelque chose. Gigantesque, démesuré, énorme… autant de qualificatifs qui s’appliquent à ce projet qui est aujourd’hui l’ensemble de bâtiments en bois le plus grand au monde.
Construit entre 1407 et 1420 par plus d’un million d’ouvriers réduits à l’esclavage, le palais impérial que constitue cette cité s’étend sur pas moins de 72 hectares de surface. Ne vous contentez donc jamais d’une photo ou d’une vidéo en croyant que vous avez tout vu puisque les cours intérieures s’enchaînent et se ressemblent parfois. Des centaines d’appartements, de halls, de temples et de jardins sont placés autour d’un axe central nord-sud, le seul à être véritablement connu en France.
Il faut plusieurs heures pour marcher d’un bout à l’autre de la cité sans vraiment s’arrêter et sans pénétrer dans l’une de ses 8.704 pièces. Alors si vous y allez, préparez vous à y passer la journée, le palais s’étendant sur 960m de long du nord au sud, et sur 750m de large de l’est à l’ouest.
La légende raconte qu’elle compterait 9.999 pièces en raison d’une tradition qui veut que seules les divinités chinoises avaient le droit de construire un palais comprenant 10.000 pièces. Les hommes, de ce fait, essayaient de se rapprocher aussi près que possible de leur idéal de perfection. Le nombre 10.000 représente symboliquement une infinité dénombrable en Chine.
La Cité Interdite fut construite sous les ordres de Yongle, le troisième empereur de la dynastie Ming. Elle est sans conteste l’un des palais les plus anciens et les mieux conservés de Chine et est inscrite au Patrimoine Mondial de l’Humanité de l’UNESCO depuis 1987.
Le nom complet de ce site monumental est la “Cité Pourpre Interdite” (traduction du chinois Zǐjìn Chéng, 紫禁城), en référence à l’étoile nommée Zǐwēi Xīng (紫微星, la petite étoile violette) dans l’astronomie chinoise, c’est-à-dire l’étoile polaire de l’astronomie occidentale. En effet, comme le palais impérial se trouve au centre de Pékin et représentait le centre administratif de l’État, on lui donna un nom évoquant l’étoile qui est au centre de la rotation du firmament céleste.
Le nom le plus courant est Cité interdite, qui vient du fait qu’en tant que résidence des empereurs chinois, de leurs familles et de ceux qui étaient à leur service, son accès était interdit au peuple. En Chine actuellement, le palais est le plus souvent appelé Gùgōng (故宫), ce qui signifie “l’ancien palais”.
C’est que la cité n’est plus vraiment interdite. Entourée de douves de 52 mètres de largeur et protégée par de multiples niveaux de remparts de 10 mètres de hauteur, elle représentait tout ce qu’il y avait de plus inaccessible pendant le règne de 24 empereurs : 14 de la dynastie Ming et 10 de la dynastie Qing. La Cité Interdite cessa d’être le centre politique de la Chine en 1912 après l’abdication de Puyi, le dernier empereur de Chine.
Après la révolution et l’avènement de la nouvelle République de Chine, Puyi fut autorisé, et même obligé, de vivre dans les murs de la Cité Interdite, lui et sa famille gardant l’usage de la cour intérieure, tandis que la cour extérieure revenait aux autorités républicaines. Puyi y résida jusqu’en 1924, quand Feng Yuxiang prit le contrôle de Pékin après son coup d’état et l’expulsa. Ayant été le séjour des empereurs durant plus de cinq siècles, la Cité Interdite regorgeait de trésors inestimables et de pièces d’une grande rareté. Cette collection fut cataloguée et montrée au public au sein du musée qui fut créé ensuite au sein de la cité.
L’invasion de la Chine par le Japon lors de la seconde guerre mondiale mit une fois de plus en péril les trésors abrités dans la Cité Interdite moderne. Une grande partie de ces derniers furent ainsi transférés à Taïwan et sont toujours exposés au Musée National du Palais à Taipei. A la fin de la guerre, c’est depuis le balcon surplombant la place Tian’anmen, s’étendant juste face à l’entrée sud de la Cité Interdite, autrement appelé la porte de la Paix céleste, que Mao Zedong a proclamé la République populaire de Chine le 1er octobre 1949.
Le domaine exclusif des anciens empereurs et de leur cour fut ainsi ouvert au public pour la première fois en 1949. Auparavant, personne d’autre n’avait le droit de s’en approcher ni même de la regarder. Depuis, elle a été profondément rénovée, en particulier en vue des Jeux Olympiques de Pékin en 2008, et les travaux continuent sans interruption. Les autorités ont veillé à préserver le palais d’une commercialisation trop voyante, limitant le commerce privé à la vente de souvenirs et la restauration légère dans des espaces ménagés à l’intérieur des bâtiments. Un café à l’enseigne Starbucks a toutefois pu s’y établir, déclenchant une controverse.
Aujourd’hui, ce sont surtout les vendeurs à la sauvette chinois qui gâchent une partie de l’expérience du touriste. Notez que la plupart des visiteurs ne sont pas occidentaux comme on pourrait le croire, mais bien chinois, ces derniers étant les premiers touristes dans leur propre pays. Cela n’empêche pas ceux appâtés par le gain de mettre des “cadeaux” dans les mains des arrivants, en demandant ensuite une somme d’argent en échange. Une vente “forcée” à laquelle il est difficile de dire non tant les vendeurs sont nombreux et vous suivent partout jusqu’à ce que vous cédiez.
Un autre enquiquinement vient des guides tout ce qu’il y a de plus officieux qui viennent sans cesse vous proposer leurs services à votre entrée dans la cité. C’est simplement que, après avoir passé les premières portes et premières cours gigantesques gardées par l’armée chinoise, on n’est toujours pas dans la Cité Interdite. Malgré l’apparente garde, l’espace est en fait public et n’est soumis à l’achat d’un ticket qu’après avoir atteint le cœur de la Cité. Quand on n’est pas familier de l’ampleur du monument, cela a de quoi surprendre.
Ceux qui parviendront à se frayer un chemin jusqu’à la cour extérieure seront récompensés par les impressionnants panoramas qu’offrent les gigantesques espaces ouverts de cette partie. C’était la partie officielle de la cité, où le souverain recevait ses ministres et présidait les grandes cérémonies officielles. Elle abrite notamment la salle de l’Harmonie Suprême (Taihe), la salle de l’Harmonie Parfaite (Zhonghe) et la Salle de l’Harmonie Préservée (Baohe), ainsi que les bâtiments latéraux principaux, dont la salle de la Gloire Littéraire (Wenhua) et la Salle des Prouesses Militaires (Wuying).
La cour extérieure est parcourue d’ouest en est par une rivière artificielle dénommée Jinshui He (la “Rivière aux Eaux d’Or”) provenant d’une dérivation des douves et servant aussi bien de décoration que de réservoir d’eau en cas d’incendie. Elle est survolée par 5 ponts de marbre représentant les vertus cardinales du Confucianisme. Sa course fut dessinée pour ressembler à la ceinture de jade portée par les impériaux. Son rôle à également pour but de servir de dernier rempart symbolique protégeant la Salle de l’Harmonie Suprême.
Cette salle est la plus grande du palais. Elle était utilisée pour les cérémonies les plus importantes comme les couronnements, et c’est celle que l’on voit dans la vidéo présentée par Alex ci-dessus. A l’intérieur se trouve un trône réservé à l’empereur au-dessus duquel on trouve un plafond superbement orné. Juste derrière cette salle se trouvent deux autres bâtiments de bois construits sur le même modèle mais de taille différentes. Ils servaient à accueillir l’empereur lorsqu’il se préparait les jours précédant une grande cérémonie, et possèdent également un trône.
Tout autour de cet ensemble de trois halls s’étend un escalier de marbre à trois niveaux et surmonté de nombreuses sculptures toutes similaires. Au centre, une rampe centrale était réservée à l’empereur. Elle est décorée d’un bas-relief incliné représentant des dragons chassant des perles parmi les nuages.
Le plus grand de ces bas-reliefs fait plus de 16 mètres de long, 3 mètres de large, et a près de 2 mètres d’épaisseur. Il est constitué d’une seule grosse pierre amenée à l’époque des carrières situées en banlieue de Pékin en projetant de l’eau sur la route en hiver. Gelant rapidement, l’eau générait ainsi un chemin de glace sur lequel les ouvriers pouvaient faire glisser les 200 tonnes de la pierre jusqu’au palais. C’était au début de la dynastie Ming, quand les trois salles furent construites.
Tout autour de ces salles se trouvent des chaudrons en bronze décorés avec détails. Point de connotation religieuse ou impérialiste à voir ici puisqu’il s’agit simplement de réservoirs à eau, présents en cas d’incendie. Le feu était la plus grande hantise des architectes de l’époque, la plupart des bâtiments étant en bois et les moyens de chauffage à base de combustion. C’est aussi pour cette raison que les statuettes placées sur les arêtes des toits sont toujours en nombre impair. Associées avec l’élément aquatique, elle étaient censées protéger les bâtiments du feu.
En s’avançant plus au nord, on entre dans la cour intérieure du palais. Elle formait la partie privée, et servait donc aussi bien de cabinet de travail à l’empereur, que d’appartements à la famille impériale et aux concubines. Elle comprend surtout le palais de la Pureté Céleste (Qianqing), la salle de l’Union (Jiaotai) et le palais de la Tranquillité Terrestre (Kunning), qui sont entourés respectivement par les “six Palais de l’Est” et les “Six Palais de l’Ouest”.
De chaque côté de l’axe principal nord-sud de la cité se trouvent en effet des groupes de bâtiments plus petits, construits à une échelle plus humaine et séparés par d’étroites allées. C’est ici que vivaient les concubines de l’empereur. C’est au palais de la Pureté Céleste que dormait l’empereur. Le dernier empereur Ming, Chongzhen, écrivit sa dernière missive de son sang dans cette salle, avant de se rendre saoul, de tuer sa fille de 15 ans et ses concubines, puis de se pendre dans le parc Jing Shan, juste au nord du palais, tandis que des paysans rebelles mettaient la capitale à sac.
Ce parc, en fait une colline parsemée de petits temples aujourd’hui, n’est séparé de la Cité Interdite que par une route. Il est né de la terre excavée autour du palais impérial pour en creuser les douves, et protégeait à l’époque le palais de la mauvaise influence du nord. On l’appelle aussi “la colline de charbon”.
De nombreux jardins parsèment également la surface de la Cité Interdite. Au nord des trois palais de la cour intérieure se trouve la Jardin Floral Impérial, qui date de l’époque de l’empereur Yongle. Il a été conçu de manière symétrique, avec de petits pavillons, des temples et des halls, ainsi qu’un jardin rocailleux. De chaque côté du jardin se font face les Pavillon des mille Automnes et le Pavillon des mille Printemps, tous deux surmontés d’un toit circulaire. C’est dans l’un d’eux que se trouvait la salle de classe utilisée par Sir Reginald Johnston, le tuteur du dernier empereur.
Durant la dynastie Ming, des sacrifices avaient parfois lieu le jour du Qi Xi, soit le septième jour du septième mois lunaire, et l’équivalent chinois de la St Valentin. Les sacrifices étaient effectués par l’empereur et l’impératrice, dirigés vers une paire d’étoiles représentant des amants.
Le lieu où se trouve la cité interdite faisait partie de la cité impériale mongole Khanbalik depuis la dynastie Yuan. Quand la dynastie Ming lui succéda, Hongwu le premier empereur transféra la capitale à Nankin en 1369, et ordonna que le palais mongol soit rasé. Son fils Zhu Di fut nommé Prince de Yan, et s’établit à Pékin. Un palais princier fut construit dans cette ville. En 1402, Zhu Di renversa son neveu Jianwen et devint empereur sous le nom de Yongle. La capitale retourna alors à Pékin.
La construction de la Cité Interdite commença en 1406, sur les plans d’architectes en chef comme Cai Xin et d’un eunuque annamite Ruan An, assistés des ingénieurs en chef que furent Kuai Xiang et Lu Xiang. Les travaux durèrent 14 années. L’axe principal du nouveau palais fut tracé à l’est de l’ancien palais des Yuan, dans l’intention de “tuer” l’ancien emplacement à l’ouest, selon les principes feng shui.
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Photos, vidéo et article par Alexandre Rosa
Montage vidéo par Stéphane Hacquin
Magnifique!!
Je ne savais pas que c'était aussi grand.
Ton article est très bien documenté et les photos fabuleuses comme d'habitude.