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Carthage – les ruines d’une ville phénicienne puis romaine dispersées dans une banlieue hupée
Posté le Mardi 07 septembre 2010dans Architecture, Classique, Empire Romain, Pays, Ruines, Tunisie, UNESCO, villagepar Alexandre RosaImprimerCarthage… Voilà un nom qui laisse rêveur, renvoyant à la puissance et à la majesté d’une ville disparue ayant à une époque étendu son influence tout autour du bassin Méditerranéen. Aujourd’hui localisée en Tunisie, à quelques kilomètres au nord-est de la capitale Tunis, l’ancienne cité punique, détruite puis reconstruite par les Romains qui en font la capitale de la province d’Afrique proconsulaire, est aujourd’hui une banlieue huppée de Tunis regroupant de nombreuses résidences d’ambassadeurs. La ville possède encore de nombreux sites archéologiques, romains pour la plupart, classés au Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 1979.
L’Histoire d’une ville d’abord phénicienne, puis romaine, vandale et enfin byzantine
Carthage est fondée par des colons phéniciens de Tyr en 814 av. J.-C.. D’ailleurs, le nom de Carthage provient du phénicien Kart-Hadasht ou Qrthdst, qui signifie “Nouvelle ville” et qui pourrait faire penser à “Nouvelle Tyr”. D’après la légende, ce serait la reine Didon, sœur du roi de Tyr, Pygmalion, qui fonda la cité. La reine aurait demandé au souverain voisin, Hiarbas, un roi berbère, l’autorisation de fonder un royaume sur ses terres. Celui-ci lui offrit alors un terrain aussi grand qu’une peau de vache. La reine plus maligne fait couper une peau de vache en lanières très fines et trace les contours de Carthage. En référence à cette fondatrice mythique, les Carthaginois sont parfois surnommés les “enfants de Didon” dans la littérature.
La ville devient une puissance dominante en Méditerrané occidentale au 4ème siècle av. J.-C..
Les Carthaginois pratiquaient un culte polythéiste originaire du Moyen-Orient. Ils vénéraient en particulier Baal et Tanit. Rome les accusa longtemps de sacrifier des enfants (cérémonie du molk), ce qu’il convient de nuancer. Une hypothèse parmi d’autres suggère que le rituel d’incinération avait surtout pour objectif de renvoyer l’âme des enfants défunts par le plus court chemin vers Ba’al Hammon à une époque où la mortalité infantile était plus qu’importante malgré les progrès en matière d’hygiène.
D’après d’autres sources, le sacrifice d’enfants bien vivants, généralement l’aîné des familles de notables, dans le but de prouver la sincérité de leur dévouement à Carthage, semble avoir initié la coutume de ces derniers d’adopter un enfant d’esclave pour cet usage.
Ce sont les Carthaginois qui introduisent le glaive court en fer dans le bassin méditerranéen, car jusqu’alors, les guerriers s’affrontent à l’aide de lances et de frondes. Carthage conquiert l’Hispanie ainsi que la Sicile où elle se heurte aux Romains.
Les Carthaginois sont finalement battus par le général romain Scipion (Scipio en latin). En effet, une série de trois conflits entre les deux puissances, les guerres puniques (les Romains nomment les Carthaginois Poeni), débutent au 3ème siècle av. J.-C. et se terminent avec la victoire de Rome et la destruction de Carthage en 146 av. J.-C., après un siège de quatre ans. Après une tentative avortée des Gracques, Jules César fonde par la suite une cité sur les ruines de la ville punique (Colonia Julia Carthago). Celle-ci devient la capitale de la nouvelle province d’Afrique. Au Bas-Empire, la cité, gagnée au christianisme, subit les persécutions impériales. Carthage devient, au 4ème siècle, l’une des plus grandes capitales spirituelles d’Occident.
Elle est conquise en 439 par les Vandales menés par Genséric, qui y fondent un royaume. L’Église est alors victime de persécutions et particulièrement meurtrie. La reprise par les Byzantin (Empire romain d’Orient) en 533 ramène la prospérité à la capitale d’Afrique.
L’empereur Justinien Ier en fait le siège de son diocèse d’Afrique, mais à la suite de la crise monothéiste, les empereurs de Byzance, opposés à l’Église d’Afrique, se détournent rapidement de Carthage qui devient le siège d’un exarchat. Carthage donne ensuite à Constantinople une lignée d’empereurs à la suite d’Héraclius, fils de l’exarque de Carthage.
À l’époque des conquêtes arabes, Carthage est en proie aux épidémies. Les Arabes prennent la ville en 698 mais lui préfèrent Tunis, la cité voisine, qui donne son nom au pays, celui d’Afrique désignant désormais le continent entier. Carthage ne connut plus jamais sa gloire d’autrefois.
Au Moyen-Âge, Saint Louis prend la ville pendant la huitième croisade, au cours de laquelle il meurt de la dysenterie. Il espérait alors convertir le sultan hafside au christianisme et le dresser contre le souverain d’Égypte afin de forcer ce dernier à se retirer de Jérusalem. L’échec de cette stratégie marque la fin des croisades. Une cathédrale fut élevée au 19ème siècle sur la colline de Byrsa, à l’endroit présumé de sa sépulture.
Jusqu’à la redécouverte de Carthage au 19ème siècle, les ruines furent pillées pour ses marbres afin de construire, en Afrique comme en Europe, des édifices publics ou religieux. Enfin, en février 1985, Ugo Vetere et Chedli Klibi, maires respectivement de Rome et Carthage, signèrent de manière symbolique le traité de Carthage, un traité de paix mettant officiellement fin à la dernière guerre ayant opposé les deux cités, la Troisième Guerre punique.
Carthage est aujourd’hui la résidence présidentielle de Tunisie puisque le Palais de la République s’y trouve depuis 1960. Construit en bord de mer par l’architecte tunisien Olivier-Clément Cacoub selon une architecture arabo-andalouse tunisienne, il est inaccessible au grand public. Le palais est toutefois visible de la colline de Sidi Bou Saïd, quelques kilomètres plus au nord.
Le clairsemé site archéologique de Carthage
Le site archéologique de Carthage, dispersé dans la ville moderne, est dominé par la colline de Byrsa qui était le centre de la cité punique, il se distingue par la silhouette massive de la Cathédrale Saint-Louis, édifiée à l’emplacement présumé de la sépulture du roi Louis IX de France qui y mourut au cours de la huitième croisade. Pour l’anecdote, le roi Louis-Philippe Ier, qui descend de Louis IX, envoya un architecte à Carthage pour en trouver l’emplacement le plus précis. Au vu de l’impossibilité d’une telle mission, celui-ci choisit simplement le plus bel endroit.
Aujourd’hui désaffectée pour le culte, l’édifice de la Cathédrale Saint-Louis est de style byzantino-mauresque en forme de croix latine et sa façade encadrée de deux tours carrées. Aux murs figurent les blasons des donateurs pour la construction de la basilique. Les vitraux sont aussi décorés d’arabesques. Édifiée entre 1884 et 1890, sous le protectorat français, la cathédrale devient primatiale d’Afrique lorsque le titre de primat d’Afrique est restauré au profit du cardinal Lavigerie.
À proximité de la cathédrale, en face de cette tombe vide dont les restes ont été rapatriés en France, se trouvent les vestiges du plus important quartier de la ville dont il ne subsiste que quelques fondations et quelques fragments de colonnes.
C’est en effet sur le sommet de la colline de Byrsa, emplacement du forum romain, qu’a été mis au jour un quartier d’habitation punique du dernier siècle d’existence de la ville, daté plus précisément du début du 2ème siècle. L’habitat est typique et même stéréotypé, avec un local sur la rue pouvant être utilisé comme magasin, une citerne étant installée au sous-sol afin de récupérer l’eau destinée à l’utilisation domestique, et un long couloir sur le côté droit qui mène à une cour percée d’un puisard et autour de laquelle se succèdent de petites pièces en nombre variable.
Non loin de la mer, une zone de la ville punique a été fouillée par des archéologues allemands. Ils y ont découvert un pan du rempart qui protégeait la cité au 5ème siècle av. J.-C. ainsi que tout un quartier d’habitation dont ils ont pu décrypter l’évolution durant les deux siècles précédant la destruction de 146 av. J.-C.
Le théâtre du 2ème siècle a fait l’objet d’une importante restauration, les restes d’époque romaine étant très modestes. De l’édifice conçu pour accueillir 5.000 spectateurs ne subsistaient que de faibles ruines au début du 20ème siècle, tant des gradins que de la scène ou du frons scaenae. À proximité du théâtre a été mise au jour une zone constituant de nos jours le parc dit des “villas romaines”. Il abrite, outre la célèbre “villa de la volière”, du nom de la mosaïque principale qui la décore, de nombreux vestiges significatifs liés à la topographie des lieux.
Les nécropoles puniques qui ont fait l’objet d’une identification, d’un nombre supérieur à 3.500, sont relativement disséminées dans la ville et forment une sorte d’arc de cercle au milieu duquel se situait l’habitat. Contrairement aux nécropoles puniques, celles de l’époque romaine se trouvaient hors des limites de la cité. Les fouilles récentes ont mis en évidence plusieurs cimetières, dont celui des officiales, réservé aux fonctionnaires de l’administration proconsulaire aux abords des citernes de La Malga.
Les thermes d’Antonin furent quant à eux édifiés en bord de mer après un grand incendie qui ravagea la cité au 2ème siècle, plus précisément entre 145 et 162. Même si le bâtiment constitue l’ensemble thermal le plus important de Carthage, il n’était pas le seul, bien qu’il ne reste aucune partie en élévation d’édifices du même type.
Des restaurations ont eu lieu après un tremblement de terre survenu au 4ème siècle. Après l’écroulement d’une partie des voûtes du frigidarium à la fin du 4ème siècle ou au début du 5ème siècle, le bâtiment a continué d’être utilisé, la désaffectation datant de 638 selon Alexandre Lézine. Ce dernier a travaillé en particulier avec Gilbert-Charles Picard durant l’après-guerre au dégagement, à l’étude et à la mise en valeur des ruines au sein du parc archéologique.
Des installations d’origine ne demeurent que quelques vestiges du rez-de-chaussée, constitué par les espaces de service, à proximité du rivage. Les thermes ont servi de carrière de pierres pendant des siècles, et on leur doit quantité de monuments à Tunis et dans de nombreuses villes du nord du bassin méditerranéen, comme Pise. Par ailleurs, la topographie des lieux a considérablement changé depuis l’Antiquité, les hommes ayant asséché une zone initialement marécageuse et la ligne de rivage étant beaucoup moins nette qu’elle ne l’est désormais. Par ailleurs, le niveau de la mer Méditerranée s’est relevé d’une cinquantaine de centimètres, engloutissant une partie des vestiges, dont la piscine.
Les ruines s’étendent sur une longueur supérieure à 200 mètres le long du littoral. L’anastylose d’une colonne du frigidarium par une mission archéologique tunisienne pendant la campagne internationale menée par l’UNESCO (1972-1992) donne une idée de la magnificence des lieux à l’apogée de la ville romaine, les voûtes disparues s’élevant à une hauteur supérieure à 29 mètres, c’est-à-dire l’équivalent d’un immeuble de six étages.
De l’amphithéâtre d’une capacité de 30.000 personnes ne demeure que l’arène, le reste ayant disparu en raison des pilleurs de monuments qui ont sévi à Carthage pendant plus d’un millénaire. Un sort analogue a été réservé au cirque, ce dernier n’étant plus suggéré que par une longue dépression.
Le tophet, situé non loin de deux lagunes dénommées l’une “port marchand” et l’autre “port militaire” constituant la trace des anciens ports puniques, est un enclos sacré où les Carthaginois auraient sacrifié leurs enfants aux divinités protectrices Tanit et Ba’al Hammon selon une historiographie bien ancrée mais remise en cause par certains spécialistes. Il est bien difficile aujourd’hui d’imaginer les quais bordés de navires en bois il y a 2000 ans, les lieux n’étant plus qu’un simple bras de mer boueux formant une boucle dans les terres.
Le rayonnement culturel du site archéologique de Carthage et le charme de certaines municipalités voisines contribuent à faire de Carthage une pièce maîtresse des circuits touristiques et un lieu d’excursion privilégié. Néanmoins, la ville est quasiment dépourvue d’infrastructures dans ce domaine. L’absence de grandes plages, les plus proches étant situées plus au nord, en est sans doute l’une des causes. La difficulté pour le visiteur réside aujourd’hui dans l’extrême dispersion des vestiges même si certains pôles peuvent être distingués.
Ceux qui voudraient remonter le temps à l’époque de la cité antique apprécieront en tout cas de la retrouver au cœur du roman Salammbô, écrit en 1862 par Gustave Flaubert, qui se déroule à l’époque d’Hamilcar Barca, c’est-à-dire lors de la jeunesse d’Hannibal Barca.
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Photos par Alexandre Rosa
Texte issu de Wikipedia
Très intéressante,
Je suis née sur le bord du port punique au Marabou en 1947.